Un shooting photo - Une réelle thérapie

Comme pour d’autres activités, il est relativement commun de penser qu’un shooting photo est réservé à une élite, disons réservés aux personnes ayant un physique avantageux !

Pour ma part, loin d’un physique avantageux version top modèle, ayant passé le plus clair de mon temps à tenter de me faufiler discrètement dès qu’une personne munie d’un objectif pointait le bout de son nez, me définissant comme « pas du tout photogénique », j’ai décidé de tenter de l’utiliser à but thérapeutique.

La croyance de ne pas être photogénique, fini par bien s’enraciner ou facilement tout du moins, d’autant plus si le terrain de base est semé d’une confiance et d’une image de soi relativement faible.

Ma démarche étant de continuer de tout faire pour déraciner certaines de mes croyances, qui ne me sont plus bénéfiques, j’ai décidé de me challenger, dans un état d’esprit positif. Au pire, je devrais au moins, si tout va bien, avoir une photo OK, à présenter sur mon site !

J’ai donc cherché une photographe, en me laissant guider par mon intuition et j'ai réservé mon shooting ! Dans la foulée, pour faire les choses comme il se doit et aller au bout de l'idée du moment, j’ai pris rendez-vous chez une maquilleuse professionnelle et ma coiffeuse. Je me suis bien gardée toutefois, d’informer mon entourage de ma future expérience, c’était déjà suffisamment challengeant comme ça !

Autant dire, je n’étais pas très en forme le jour J ! Bien sûr, ma chère amie anxiété n’était pas très loin (mais sérieusement, pourquoi est-ce que je m’impose du stress ? Est-ce que je suis vraiment obligée d’y aller ? Je peux toujours dire que je suis malade, mieux vaut annuler, ça sert à rien…).

Bien, la coiffeuse, standard, une valeur sure ma coiffeuse. J’enchaîne avec la maquilleuse.

Je lui fais entièrement confiance, car c’est une professionnelle, et moi, c’est la première fois que je prends rendez-vous chez une maquilleuse. Je lui explique donc brièvement que je vais faire un shooting photo, que les photos iront sûrement pour mon nouveau site web, donc un maquillage professionnel et classe (ce que l’on a à l’esprit, c’est donc un maquillage version tops modèles, comme dans les magazines, bien sûr).

Elle a l’air d’immédiatement capter ce qui sera parfait. Je me sens rassurée, et c’est parti. Une heure durant laquelle on ne se voit pas, on se fait chouchouter, embellir, magnifier ! Un moment bien agréable. Une fois terminé, elle me regarde, et dit : Ahhhh, Maagnifique ! Autant dire que j’avais hâte de voir le résultat et la disparition magique des traces de ma fatigue !

Je me retourne. Et… Oh. Mon. Dieu. (je ne crois pas avoir eu de mots qui soient immédiatement sortis de ma bouche), une horreur… Mais qui est cette personne dans le miroir ? La réaction d’effroi se lisait sur mon visage… Ce que je voyais ? Mi-clown, mi-travesti (et encore, leur make-up est impeccable), je ressemblais à un travesti qui rentre avec un taux d’alcoolémie supérieur à la moyenne à 8h du mat…

Je ne savais pas qu’il était possible de se sentir moins à son avantage après un maquillage ! Et bien oui ;) Voilà un problème que ma chère anxiété n’avait pas vu venir ! Je ne savais pas si j'avais envie de rire ou de pleurer !

Comme à mon habitude… J’ai fait mine de… ça va… avec beaucoup de difficulté… et je suis partie.

J’étais choquée par mon image. Je me sentais affreuse et devais enchaîner avec un shooting qui allait immortaliser cette horreur. Après un rapide calcul, j’ai compris que je n’avais pas le temps de rentrer me démaquiller et le refaire vite fait, et qu’au vu de l’heure, je ne pouvais décemment pas annuler le shooting. Je devais donc y aller. Chouette !

Arrivée un peu en avance, non loin du studio, j’appelle la photographe, en lui expliquant que je suis maquillée comme une Drag Queen, dans un dernier petit espoir que la photographe capte mon désarroi et prenne la décision de décaler elle-même le rendez-vous. Mais elle m’a simplement répondu, en me rassurant, que c’est normal, qu’il faut toujours être beaucoup plus maquillée pour un shooting. Ok…

Et nous arrivons dans ce lieu bien effrayant et non relaxant pour moi. Un studio photo.

Le calme et la bienveillance de cette femme a fait toute la différence.

Et c’est parti, sous les projecteurs ! Tenter d’être naturel, détendue et relaxée ! Tout moi ! Elle m'a expliqué que les premières 30 minutes, c’est normal d’être un peu « tendue ». Finalement je ne savais même plus pourquoi je venais, quel style de photo je voulais, j’étais dans l’inconnu total et certainement dans un état que l’on pourrait qualifier d’hypnotique.

Après mes premières photos « détendue », elle m’a donné mon premier accessoire, puis un deuxième. Et le jeu a débuté ! C’est vraiment ce que j’ai ressenti. Un lâcher prise s’installe, on se prend au jeu ! On choisit sa nouvelle tenue, parmi sa quantité de possibilités et finalement, on le fait juste pour s’amuser ! Je me suis sentie entièrement et pleinement dans « l’instant présent », plus rien d’autre n’existait. On s’amuse, on apprend à lâcher, et ça se fait tout seul, sans contrainte. J’ai complètement oublié mon maquillage, et je me suis amusée. Plus de deux heures se sont écoulées. J’étais lessivée !

Le soir même j'ai reçu mes premières photos ! Et là, commence l’apprentissage d’apprivoiser son image, sur de superbes photos. Et croyez-moi, ce n’est pas si évident. Bien sûr, le maquillage, je ne voyais que ça au début, bien qu’il ne ressorte en aucun cas comme il était en réalité. C’est la magie des photos pros. Il m’a fallu du temps pour accepter le travail extraordinaire qui venait de se passer et oser en montrer une ou deux. Oser accepter mon image.

Une semaine après, j’ai repris rendez-vous pour une nouvelle séance, plus « naturelle », enfin surtout avec un maquillage "normal". J’en avais besoin.

La deuxième séance, (le jour J : mais pourquoi je fais ça, encore ?), a été bien différente. Je me suis beaucoup plus rapidement acclimatée, détendue, j’ai osé exagérer les gestes, prendre confiance et à nouveau je me suis amusée. J'en suis sortie apaisée, je me sentais bien et en confiance.

Ce que je ressors de cette expérience

Tout d’abord, apprendre à exprimer le plus clairement possible nos attentes. Que cela soit des professionnels, ou non, il vaut mieux expliquer ce que l’on souhaite, images à l’appui si possible, et arrêter de croire que les autres peuvent lire dans nos pensées ! On le sait, et pourtant… on continue ! Cela peut nous éviter quelques mauvaises surprises !

Ce que l’on fait soi-même (se maquiller par exemple), est souvent parfaitement suffisant voire excellent ! Cesser de se sous-estimer et regarder un tutto si nécessaire !

Réaliser un shooting photo fera partie des meilleures décisions que j’ai prises. Et je me réjouis des prochains ! Une magnifique expérience et une excellente thérapie pour les personnes qui manque de confiance en elle, d’estime, d’affirmation, d’assurance ou avec une difficulté avec sa propre image.

Car vraiment, ne pas être photogénique n’est pas une fatalité, un photographe saura nous mettre en valeur, même avec un maquillage affreux… c’est pour dire ! 

C’est un moment privilégié, un temps pour soi, où seul l’instant présent existe, où nos problèmes s’envolent, où l’on parvient, contre tout attente, à lâcher prise. Un moment où l’on existe, où l’on nous voit, où il est facile de se prendre au jeu et de s’amuser ! Un bien fou !

Finalement, apprivoiser et aimer son image s’apprend, tout comme la confiance en soi !

Une magnifique et très efficace thérapie que je conseille vivement !

Audrey Lambert

Prenez soin de vous – Écoutez-vous

Photographie de : Sandrine Miller